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Ma Semaine Twitter #52

Bye bye 2016, bonne année 2017 à toutes et à tous et bienvenue dans ma Semaine Twitter 52.

Vaincre la peur

J’ai mentionné Tadas Viskantas la semaine dernière. Il s’est récemment intéressé à un acronyme anglais très en vogue, FOMO (Fear Of Missing Out), soit la peur de rater quelque chose, ou plus précisément selon le dictionnaire McMillan, « la peur de rater un événement social ou toute autre expérience positive, dont vous avez entendu parler sur les réseaux sociaux  » (ma traduction). 

Couplée à l’angoisse qui semble caractériser une partie importante de la population états-unienne, cette peur de passer à côté de quelque chose affecte également des investisseurs très connectés aux multiples segments de marchés accessibles via des ETF de plus en plus pointus.

Comme il y a toujours quelque part des segments en hausse, qu’il est facile de les visualiser sur internet, il y a de multiples sources de regrets (« pourquoi ne suis-je pas exposé aux small caps value chiliennes qui sont en forte hausse depuis 6 mois » ?).

Il existe une solution pour ne pas souffrir de FOMO quand on investit selon Viskantas : tout détenir. S’il ne précise pas comment, on peut supposer qu’un ETF donnant accès à la totalité des marchés actions mondiaux fera l’affaire.

Comme en plus de tels ETF sont accessibles pour moins de 0,15% de frais de gestion aux Etats-Unis, on fait d’une pierre deux coups : on vainc FOMO et on fait des économies de frais de gestion.

Investir, c’est difficile

L’excellent Ben Carlson, CFA, écrit des posts d’une simplicité telle qu’elle en occulte parfois la profondeur. Il a récemment rappelé qu’investir, ce n’est pas facile, mais que certaines prévisions sont plus difficiles que d’autres.

Selon lui, plus la prévision concerne un élément précis, plus elle est difficile. Il est encore plus difficile de prédire la valeur qui montera le plus que le secteur qui montera le plus ; un peu moins difficile, prédire les stratégies, les styles et les facteurs de risque qui monteront le plus ; encore un peu moins difficile, les zones géographiques qui monteront le plus. Selon lui, la prévision la moins difficile concerne les classes d’actifs (actions, obligations, etc.).

Comme par ailleurs la littérature académique montre depuis des décennies que l’allocation d’actifs joue un rôle prépondérant dans la performance des portefeuilles, il est raisonnable de commencer par définir une allocation d’actifs de long terme (qui dépendra du profil de risque de l’investisseur et de l’objectif alloué à l’investissement).

D’un standard de conseil à l’autre

Casey Quirk est une société de conseil spécialisée dans le secteur de la gestion d’actifs récemment entrée dans le giron de Deloitte.

Dans un récent rapport intitulé « Survival of the fittest – Defining future leaders in asset management » (« Les plus aptes survivront – Qui seront les leaders de la gestion d’actifs de demain ? »), Casey Quirk s’intéresse à plusieurs catalystes qui vont bouleverser l’industrie de la gestion d’actifs.

L’un des catalystes, c’est la réglementation qui poussera de plus en plus le devoir fiduciaire pour les conseillers financiers. 

Il existe aujourd’hui deux grands standards : le standard d’adéquation est dominant, et il impose aux conseillers de s’assurer que le produit proposé est en adéquation avec l’investisseur à qui il est proposé. Par exemple, un fonds actions investi dans des valeurs des pays émergents ne sera pas approprié pour un investisseur très âgé ayant une forte aversion au risque.

Second standard : le standard fiduciaire, qui impose que le conseiller agisse au mieux des intérêts de son client. Ce standard peut conduire notamment à ce qu’entre deux produits équivalents (par exemple deux fonds investis dans des valeurs des pays émergents), le conseiller choisisse le moins onéreux pour le client. Immanquablement, un conseiller soumis au standard fiduciaire va facturer des honoraires transparents à son client plutôt que de percevoir des rétrocessions.

Selon Casey Quirk, l’influence de différentes réglementations (celle du Ministère du Travail en matière de commercialisation de produits de retraite aux Etats-Unis et la directive MIFID II dans l’Union Européenne) va inverser en 3 ans le rapport entre actifs conseillés soumis au standard d’adéquation (67% des encours en 2015 et seulement 19% en 2018) et ceux soumis au standard fiduciaire (33% des encours en 2015 et 81% en 2018).

Si cette prévision s’avère exacte (même à peu près), les réseaux de distribution vont avoir à s’adapter en peu de temps pour passer d’un modèle de rétrocessions à un modèle d’honoraires.

Du sang et des larmes en perspective.

Comme les antiquités et l’investissement ont changé

Les lecteurs de ce blog savent tout le bien que je pense de Jason Zweig, journaliste spécialisé dans les finances personnelles au Wall Street Journal.

Zweig écrit également sur son propre blog sur des sujets souvent plus personnels que ceux dont il traite dans le Wall Street Journal.  Dans un post récent, il établit une analogie intéressante entre l’évolution du marché des antiquités et celle du marché de l’investissement des années 1970 à nos jours.

Une grande opacité caractérisait les deux marchés dans les années 1970. Il suffisait alors de travailler dur pour dénicher des pièces vendues à un tarif dérisoire par rapport à leur valeur marchande pour les antiquités, et des titres cotant moins que leur valeur intrinsèque pour les investissements. Ces marchés n’étaient pas efficients.

Enfant, Zweig accompagnait ses parents antiquaires dans la chasse aux trésors. Et des trésors, il y en avait encore dans les greniers des vieilles maisons de la côté est des Etats-Unis.

Aujourd’hui, 325 000 terminaux Bloomberg diffusent instantanément la même information auprès de professionnels bien plus nombreux que dans les années 1970. Les qualités requises pour réussir à cette époque ne sont plus suffisantes en 2016.

Et les greniers des vieilles maisons ne recèlent plus de trésors.

Pour Zweig, la seule solution pour profiter des inefficiences est par définition de s’intéresser aux segments de marchés non efficients, à savoir ceux dans lesquels la gestion indicielle n’est pas présente : les micro-caps et les obligations haut rendement par exemple. Sinon, pas la peine de jouer au jeu de la gestion active.

Patience, mère de toutes les vertus

Je ne répèterai jamais assez que Vanguard, connu comme un des gérants passifs les plus importants au monde, est également un gérant actif de taille très respectable, avec des encours gérés activement supérieurs à 1000 milliards de $. 

Dans un post récent, Don Bennyhoff, stratégiste en investissement senior de Vanguard, explique que les investisseurs en gestion active doivent faire face à des challenges comportementaux.

L’un de ces challenges est celui de faire face au risque actif.

De quoi d’agit-il ? Tout simplement de l’incertitude liée à la performance de la gestion active. L’investisseur espère que le fonds actif qu’il a sélectionné surperformera, mais ce fonds ne peut pas surperformer tout le temps.

Bennyhoff montre que les fonds actifs ayant surperformé sur le long terme ont connu des années de sous-performance. Il montre également que les investisseurs dans ces fonds surperformants ont obtenu une performance réelle inférieure à celle des fonds, de par leurs décisions intempestives en matière d’achat et de vente. 

Bennyhoff se demande si nous avons la patience de tirer parti du risque actif, et insiste sur le rôle crucial du conseiller financier, à qui il incombe de faire prendre conscience à ses clients qu’ils ont des biais comportementaux (l’impatience notamment) qu’il convient de combattre.

Administrateurs, réveillez-vous

On parle beaucoup de gouvernance des sociétés cotées, et très peu de gouvernance des fonds. C’est bien dommage, car les fonds pèsent lourd et les conseils d’administration ont le devoir de défendre les intérêts des actionnaires.

On a un peu perdu ce devoir de vue en France, où les sociétés de gestion ont massivement opté pour la statut de FCP  (fonds commun de placement) au détriment de celui de SICAV (société d’investissement à capital variable). Le FCP n’ayant pas de conseil d’administration, il n’y a pas d’administrateurs pour défendre les intérêts des porteurs de parts.

Mais là où les fonds sont structurés comme des sociétés, et ont donc un conseil d’administration, ce dernier est quasi systématiquement une chambre d’enregistrement des résolutions proposées par la société de gestion. C’est en train de changer aux Etats-Unis, et ce changement a fait l’objet d’un article passionnant de Ross Kerber de Reuters.

Là-bas, des investisseurs attaquent en justice les administrateurs des fonds dont ils (les investisseurs) sont actionnaires, les accusant de ne pas défendre leurs intérêts, notamment en n’imposant pas des baisses de frais de gestion quand la taille des fonds augmente.

Pas de condamnation pour le moment, mais les juges n’hésitent pas à s’opposer aux motions de rejet des sociétés de gestion concernées.

Les indices pour les nuls

Les indices ont de beaux jours devant eux :  ils sont le sous-jacent d’une lame de fond absolument phénoménale qui conduit depuis des années les investisseurs aux Etats-Unis, au Canada (et de plus en plus au Royaume-Uni et en Australie) à délaisser la gestion active au profit de la gestion indicielle.

De plus, ils servent de référence pour évaluer la qualité des gérants actifs.

Pour ces deux raisons, il est important de les comprendre.

S&P Dow Jones Indices, un des principaux fournisseurs d’indices, vient d’introduire sur son site internet une section pédagogique fort utile : vous y découvrirez ce qu’est un indice, comment il est conçu, calculé, comment il évolue, comment on s’y expose. Chaque chapitre (il y en a 7) se termine par un quizz.

N’hésitez pas à suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog (en français). Et le compte sur lequel je tweete en anglais.

C’était ma Semaine Twitter 52. A la semaine prochaine.

 

 

 

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