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Epargnants et produits financiers : le grand malentendu

Depuis 2017, l’Autorité des Marchés Financiers réalise une enquête annuelle sur les attitudes et opinions des épargnants à l’égard des produits financiers1.

L’étude est très riche, mais je vais me concentrer sur quelques points saillants, les articles de cette rubrique ayant vocation à être lus en moins de deux minutes.

Risque ? Non merci

Question : au sujet de la gestion de votre épargne et de vos placements, quel profil, dans la liste ci-dessous, vous correspond le mieux ?

54% des personnes de l’échantillon refusent tout risque sur leurs placements. L’aversion totale au risque se maintient à un niveau très élevé depuis 2017.

3% des des personnes de l’échantillon acceptent une plus grande part de risque dans l’espoir d’avoir la meilleure rémunération possible.

On veut le livret A à 2,6%

Question : aujourd’hui, à partir de quel taux de rémunération trouvez-vous le rendement d’un placement sans risque satisfaisant ?

48% des des personnes de l’échantillon ont répondu à cette question. En moyenne, le taux de rendement satisfaisant pour un placement sans risque est de 2,6% par an.

A comparer à la rémunération du livret A quand l’enquête a été réalisée (0,75%2). Il y a comme un écart, que dis-je ? un gouffre.

Pour 7%, je prends des risques

Question : à partir de quel rendement annuel estimez-vous qu’une épargne investie sur les marchés financiers, c’est à dire risquée, rapporte suffisamment pour que cela vous incite à y placer une partie de votre épargne ?

43% des des personnes de l’échantillon ont répondu à cette question. En moyenne, le taux de rendement satisfaisant pour un placement risqué s’établit à 7% par an. C’est assez proche de ce que les actions ont délivré en moyenne sur longue durée.

Défiance

Question : d’une manière générale, diriez-vous que vous faites confiance aux placements en actions (en direct ou à travers des fonds) ?

 

21% des répondants ont confiance (une forte baisse par rapport à 2018). 58% n’ont pas confiance. La défiance l’emporte donc très largement.

Mais il faut noter que la question aurait gagné à être libellée de façon différente. Si l’on peut faire confiance (ou pas) à une institution (la justice par exemple, ou la police), le terme me semble nettement moins adapté aux placements en actions.

Les deux mamelles de l’épargnant

Question : en fonction de l’opinion que vous en avez, indiquez par une note de 0 à 10, dans quelle mesure il vous semble, actuellement, que chacun des produits d’épargne/placement ci-dessous est adapté pour placer son épargne sur le long terme (à 15-20 ans, pour la retraite par exemple).

L’immobilier physique (résidences principale et secondaire) est en tête, l’immobilier locatif n’est pas loin derrière, suivi de la pierre-papier.

Le fonds en euros, qui rapporte moins que l’inflation en moyenne en 2019, est quatrième.

Les livrets d’épargne sont préférés aux placements financiers (actions, obligations, fonds, PEA) pour placer son épargne sur le long terme.

L’immobilier et l’inusable fonds en euros sont les deux mamelles3 de l’épargnant français.

Bon. Se désespérer n’étant pas constructif, que faire ?

Education financière ?

Vaste programme.

Toutes les infographies de ce post sont extraites de l’étude 2019 sur les attitudes et opinions des épargnants à l’égard des produits financiers réalisée par audirep pour l’Autorité des Marchés Financiers, téléchargeable ici.

Photo : Mitchell Hollander sur Unsplash

  1. Enquête réalisée du 26 septembre au 15 octobre 2019 via un questionnaire auto-administré à un échantillon total de 1 200 personnes recrutées via un access panel permettant une lecture selon les tranches de patrimoines financiers, y compris au-delà de 30 000€. L’ensemble de l’échantillon a été redressé sur les données socio-démographiques et le patrimoine financier afin d’être parfaitement représentatif de la population française.
  2. Ce sera 0,5% à partir du 1er février 2020.
  3. Si vous vous demandez ce que viennent faire des mamelles dans ce blog, c’est une allusion à ce que disait Sully, le ministre du roi de France Henri IV : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Je ne sais pas si l’on enseigne toujours ce type de citations en cours d’histoire, c’était le cas à l’époque où j’étais à l’école.

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