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Ne manquez pas le train de l’ESG

Il a fait très chaud cet été à Gallargues-le-Montueux (Gard) en juin, avec un record de température de +45,9°.

La planète se réchauffe. +1,5° ? +2° ? +4° ? Ou bien +7° en 2100 selon les simulations de plusieurs laboratoires de climatologie français ? Les enfants qui naissent aujourd’hui, les vôtres, ou ceux de vos enfants1, vivront en théorie assez longtemps pour souffrir des désastres du réchauffement climatique.

La finance peut-elle faire quelque chose pour prévenir la catastrophe environnementale annoncée ? Pour exiger des entreprises des pratiques socialement acceptables ? Et la mise en place d’une gouvernance protégeant les droits de toutes les parties prenantes et pas des seuls actionnaires ?

ISR, ESG, finance durable et responsable, investissement à impact social. Il existe de multiples noms pour qualifier une approche de l’investissement intégrant des critères non financiers, correspondant à des approches différentes : exclusion (normative, éthique ou sectorielle) et best in class par exemple, mais bien d’autres encore.

Les origines de la prise en compte de critères extra financiers en matière de placements remontent au XVIIIème siècle avec le mouvement religieux des Quakers. Les Quakers étaient activement engagés contre l’esclavage, l’activité corsaire et toute forme de violence, pratiquant ainsi l’exclusion, qui est une des formes dominantes de l’ESG aujourd’hui. Le premier fonds ISR a été lancé aux Etats-Unis en 1971. Il existe en France des fonds de partage depuis 1983.

Mais la véritable mise en place d’un cadre mondial date de 2006, année de signature des UNPRI, les principes pour l’investissement responsables adoptés sous l’égide des Nations-Unies. Il y a aujourd’hui près de 2500 signataires de ces principes, dont 215 en France.

On notera que la conférence annuelle des PRI, PRI In Person, s’est tenue à Paris du 10 au 12 septembre, certains d’entre vous faisaient peut-être de 1700 délégués. On notera également que les employeurs de nos 3 panélistes2 sont signataires de ces principes.

Sous l’impulsion de ses pouvoirs publics, la France est un des pays en pointe en matière d’ISR : l’article 173 de la loi sur la transition énergétique du 17 août 2015 a ainsi défini les obligations d’information des investisseurs institutionnels concernant leur prise en compte des paramètres environnementaux et sociaux3.

On a longtemps reproché à l’ISR d’être avant tout une affaire d’institutionnels. Ces dernières années, le caractère de plus en plus visible de l’urgence climatique a accéléré la prise de conscience de chacun quant à la nécessité d’une action concertée, y compris en matière de placements.

Du côté du grand public en France, nous verrons que la loi Pacte va ouvrir en grand les portes de l’assurance vie aux fonds ISR.

Si tout le monde n’est pas encore convaincu de la pertinence de l’ISR, deux populations y sont quant à elles particulièrement sensibles : les femmes et les millennials4, ou les millénariaux, comme les appellent plus justement les Canadiens francophones.

Soit 50% de la population d’aujourd’hui (les femmes, qui contrôlent par ailleurs d’ores et déjà 40% de la richesse privée mondiale) et la totalité de vos clients de demain (les millénariaux, qui ne resteront pas éternellement jeunes et seront à terme les récipiendaires du plus gros transfert de richesse intergénérationnel de l’histoire).

Il me semble qu’il serait très risqué de ne pas être en mesure de répondre aux attentes de cette clientèle considérable. Si vous le ne faites pas, d’autres le feront à votre place.

Mais il ne faut pas le faire n’importe comment : l’ESG, c’est un peu l’auberge espagnole. Parmi les sociétés de gestion, les nouveaux convertis sont nombreux et il va falloir séparer le bon grain de l’ivraie du côté de l’offre. Et bien comprendre les attentes de vos clients, car il n’est pas certain que tous les fonds ESG puissent y répondre de façon convaincante.

Le train de l’ESG a quitté la gare il y a déjà des années. Il est encore temps pour les professionnels du conseil financier de monter à bord : si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas répondre aux besoins exprimés très clairement par les femmes d’une part et les millénariaux d’autre part5, et ces derniers iront voir ailleurs.

A vous de voir.

Ce post est une adaptation de mon introduction à un atelier que j’ai animé le 26 septembre 2019 lors du salon Patrimonia à Lyon. Intitulé « ESG, ISR, Impact,… Comment donner du sens à ses investissements ? », il réunissait Sébastien Barbe d’Arkea Investment Services, Adrien Dumas, CFA, de Mandarine Gestion et Bertrand Lecourt de Fidelity.

Photo Darren Bockman sur Unsplash

  1. L’audience était composée de conseillers en gestion de patrimoine.
  2. Arkea Investment Services, Fidelity et Mandarine Gestion.
  3. « Les entreprises d’assurance et de réassurance régies par le code des assurances, les mutuelles ou unions régies par le code de la mutualité, les institutions de prévoyance et leurs unions régies par le code de la sécurité sociale, les sociétés d’investissement à capital variable, la Caisse des dépôts et consignations, les institutions de retraite complémentaire régies par le code de la sécurité sociale, l’institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’Etat et des collectivités publiques, l’établissement public gérant le régime public de retraite additionnel obligatoire et la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales mentionnent dans leur rapport annuel et mettent à la disposition de leurs souscripteurs une information sur les modalités de prise en compte dans leur politique d’investissement des critères relatifs au respect d’objectifs sociaux, environnementaux et de qualité de gouvernance et sur les moyens mis en œuvre pour contribuer à la transition énergétique et écologique. Ils précisent la nature de ces critères et la façon dont ils les appliquent, selon une présentation type fixée par décret. Ils indiquent comment ils exercent les droits de vote attachés aux instruments financiers résultant de ces choix. »
  4. La Génération Y, dont les membres sont affublés du nom de « millennials » en anglais, et « millénariaux » en français, regroupe l’ensemble des personnes nées entre 1980 et 2000.
  5. Bis : l’audience était composée de conseillers en gestion de patrimoine.

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