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Ma Semaine Twitter #45

Etrange semaine, avec l’élection par l’électorat du pays le plus puissant pays au monde d’un improbable et inquiétant candidat au poste de président. On verra si la citrouille se métamorphose en carosse à partir du 20 janvier 2017. En attendant, voici le meilleur de ma semaine Twitter 45.

Bill Miller n’aime pas les closet indexers

J’ai déjà parlé ici de Barry Ritholtz. Fondateur de Ritholtz Wealth Management, un RIA étatsunien (Registered Investment Advisor, un statut similaire à celui de CIF – Conseiller en Investissements Financiers – en France, régulé par la SEC ou par le régulateur de l’état dans lequel exerce le RIA). Le RIA a une obligation fiduciaire (« fiduciary duty ») vis-à-vis de ses clients, et doit placer leur intérêt au-dessus du sien.

Ritholtz est aussi un bloggeur prolifique et très suivi ; un twittos avec plus de 90000 abonnés ; et un éditorialiste pour Bloomberg, pour qui il réalise également des podcasts avec des invités du monde de l’économie et de la finance, dans le cadre de l’émission Masters in Business.

Il s’est récemment entretenu avec Bill Miller. Miller est un gérant actions Value qui a connu une longue heure de gloire entre 1991 et 2005 avec son fonds Legg Mason Value Trust. Durant cette période, il a en effet battu la performance du S&P500 année après année, soit sur une durée de 15 ans. 

L’entretien est passionnant. Miller y revient sur ses mentors, sur la façon dont il a géré pendant la période de la bulle internet, sur le fait qu’il s’est exposé assez tôt à des valeurs technologiques (Dell et Amazon notamment) alors que les gérants Value traditionnels ne s’exposaient pas à ce secteur faute de bien le comprendre.

Il donne également son opinion sur la montée en puissance de la gestion passive au détriment de la gestion active. D’après lui, ce sont surtout les « faux » gérants actifs (les infâmes closet indexers dont il fut question la semaine dernière et la semaine précédente) qui souffrent, car ils font la même chose que les fonds indiciels pour un coût beaucoup plus élevé.

Les mauvaises habitudes

Dans la famille Ritholtz, nous avons eu Barry. Mais la famille est riche de nombreux autres bloggers qui travaille pour Ritholtz Wealth Management. Ben Carlson est l’un d’entre eux.

 

Dans un récent post, il est revenu sur 3 erreurs que commettent fréquemment les investisseurs.

La première se passe de commentaires : en dépit des avertissements systématiques (« la performance passée ne préjuge pas de la performance future »), on constate, tant chez les investisseurs particuliers que chez les institutionnels, une forte tendance à acheter la performance passée.

La seconde mérite une explication. Rebalancer son portefeuille consiste à rétablir périodiquement les poids initiaux, en partant du principe que ces poids initiaux reflètent l’allocation d’actifs stratégique du portefeuille, de laquelle il ne faut pas trop s’éloigner pour conserver le profil de risque choisi.

Si vous avez une allocation d’actifs composée de 50% d’un fonds actions Monde et de 50% d’un fonds obligations Monde, qu’après quelques mois le fonds actions s’est tellement apprécié par rapport au fonds obligations que son poids est maintenant de 70% (contre seulement 30% pour le fonds obligataire), il est recommandé de rebalancer, donc de vendre  une partie de votre position actions pour investir le produit de la vente sur le fonds obligations, afin de rétablir les proportions initiales (50/50). 

Quant à la troisième, mauvaise habitude, c’est également un grand classique de presque tous les investisseurs particuliers dans le monde entier.

Le biais domestique consiste à avoir une exposition disproportionnée aux valeurs actions de son propre pays. Il est tentant de le faire en raison de la familiarité plus grande des investisseurs français avec les valeurs françaises, ou des investisseurs japonais avec les valeurs japonaises, laquelle donne en outre un (faux) sentiment de sécurité.

Comment juge-t-on du caractère raisonnable ou pas de la proportion des actifs domestiques ?

S’il n’y a pas de règle unique, une pratique souvent suivie est de partir du poids de la place boursière domestique dans le total mondial. On peut le faire en regardant la répartition géographique des indices dominants.

Au 31 octobre 2016, les valeurs françaises représentent 3,67% de la capitalisation de l’indice MSCI World des grandes et moyennes valeurs de 23 pays dits développés, et 3,26% de la capitalisation de l’indice MSCI AC World des grandes et moyennes valeurs de 23 pays dits développés et 23 pays dits émergents (source : site www.msci.com, fiches de présentation des indices consultées le 12 novembre 2016.

Ces pourcentages sont un point de départ pour déterminer la pondération optimale.

Il y a fort à parier que le poids des valeurs françaises dans la poche actions des portefeuilles des investisseurs français est largement supérieure à ces niveaux.

Hedge funds = casino ?

Le responsable du fonds de pension de la BBC ne mâche pas ses mots sur les hedge funds.

Ce type de réaction est de plus en plus fréquent dans le monde des fonds de pension, qui sont de gros utilisateurs de techniques alternatives de gestion. Mais pas à n’importe quel prix.

La mention « 2/20 » fait référence à la structure traditionnelle de rémunération des hedge funds : 2% de frais de gestion fixe et 20% de la surperformance réalisée par le fonds reviennent à la société de gestion.

Cette structure qui fut longtemps la norme est maintenant couramment négociée par les investisseurs.

Pour les hedge funds comme pour les fonds traditionnels, le niveau des frais impacte directement la part de la performance qui revient aux investisseurs, et ces derniers ont enfin compris cette vérité fort simple.

Le jour où la gestion passive dépassa la gestion active

Ce sera en 2023 d’après une étude des analystes de Bank of America Merrill Lynch commentée par Value Walk.

Comment arrive-t-on à cette prédiction audacieuse ? Tout simplement en prolongeant dans le futur la tendance des 5 dernières années pour les fonds actions aux Etats-Unis.

Oh les belles images (1/2) !

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’aime beaucoup les infographies. Ces dernières permettent de véhiculer des informations à la fois nombreuses et complexes de manière immédiatement compréhensible par nos cerveaux.

Le site Visual Capitalist fait un travail remarquable sur des sujets liés à l’économie et à la finance.

L’infographie reprise dans le tweet ci-dessus permet d’expliquer le caractère très aléatoire de la performance annuelle des classes d’actifs, en faisant un parallèle avec le palmarès des voitures les plus vendues année après année aux Etats-Unis, pour lequel il existe une assez grande stabilité dans le temps.

Si la performance passée peut être un bon critère pour acheter une voiture, elle n’en est pas un pour choisir un investissement.

Oh les belles images (2/2) !

Encore une excellente infographie, cette fois-ci pour illustrer qu’un fonds 5 étoiles d’aujourd’hui ne sera pas nécessairement un fonds 5 étoiles de demain, et qu’une bonne notation à un instant t n’est pas un bon signal d’achat.

 

Et pourtant, on voit que ce sont les fonds les mieux notés qui attirent les plus gros flux de collecte dans les 5 années qui suivent ; et que plus les fonds ont une notation élevée, plus leur performance lors des 3 années qui suivent sont mauvaises.

Ce qui nous ramène à l’erreur numéro 1 commise par les investisseurs de la liste de Ben Carlson (ci-dessus). Morale de cette histoire : n’achetez pas la performance passée !

Quel type d’investisseur êtes-vous ?

Depuis quelques années, un terme monte en puissance : « evidence-based investing ». Je vais essayer d’expliquer cette notion qui n’a pas encore à ma connaissance de traduction en français.

Et pour cela, je vais m’appuyer sur un excellent post de Phil Huber, CFA. Huber est le directeur de la gestion d’Huber Financial Advisors et blogue sur bpsandpieces.com.

Huber rappelle dans son post la définition proposée par des partisans de l’evidence-based investing (dont l’ami Ritholtz dont il fut question ci-dessus).

L’Evidence-Based Investing (EBI) est une approche disciplinée de la gestion d’actifs qui utilise les données du passé et du présent tout en acceptant le fait que le futur ne peut être connu. Là où certains laissent les prévisions, les relations ou les émotions les guider dans leurs décisions, les praticiens de l’EBI utilisent plutôt les faits, la logique et la raison.

Bon, pas sûr que nous soyons plus avancés avec cette définition.

En revanche, Huber contraste les comportements de deux types d’investisseurs (le conventionnel, et l’investisseur EBI) et le brouillard se dissipe. De sa longue liste, je reprends les éléments qui m’ont semblé le plus parlant.

L’Investisseur Conventionnel considère que des frais élevés sont le prix à payer pour faire partie du club des « investisseurs d’élite ».
L’Investisseur EBI considère que des frais bas sont positifs pour la rentabilité de son placement.

L’Investisseur Conventionnel regarde la notation des fonds sur le site Morningstar.
L’Investisseur EBI regarde les frais des fonds sur le site Morningstar.

L’Investisseur Conventionnel se félicite quand les marchés montent et blâme quand ils baissent.
L’Investisseur EBI considère qu’il n’est ni un génie, ni un idiot.

L’Investisseur Conventionnel considère les marchés comme un adversaire qu’il faut surpasser en intelligence.
L’Investisseur EBI considère les marchés comme un allié dont il apprécie la sagesse collective.

Et vous, êtes-vous conventionnel ou EBI ?

Cétait ma semaine Twitter 45. A la semaine prochaine.

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