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Ma Semaine Twitter 29 de 2023

Ainsi donc Twitter s’appelle dorénavant… X. Ou du moins, l’oiseau bleu a disparu pour être remplacé par un X.

X Corp., c’est le nom de la société qui a racheté Twitter et l’a absorbé. X. Corp. est elle-même détenue par X Holdings, détenue par Elon Musk.

D’où vient ce X ? D’une banque en ligne co-fondée par Elon Musk en 1999. X.com fusionna avec Confinity et la société fut rebaptisée Paypal (source).

Ce furent les débuts de ce qu’on appelle depuis la Mafia Paypal.

Sebastian Mallaby en parle dans son remarquable livre sur l’histoire du venture capital : The Power Law – Venture Capital and the Making of the New Future.

Avec votre permission, je vais continuer d’appeler cette semaine comme elle s’appelle depuis le premier jour : ma semaine Twitter. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle puisse devenir ma semaine X.

Vous aimez le commissaire Salvo Montalbano, l’attachante créature du grand Andrea Camilleri (1925-2019), dont la langue inimitable est superbement traduite en français par Serge Quadruppani ? Moi aussi.

J’ai récemment découvert le commissaire Soneri, créature de Valerio Varesi, à qui je souhaite une vie aussi longue que celle de Camilleri (et de Montalbetti). J’avais lu avec beaucoup de plaisir Le fleuve des brumes, qui se passe dans le brouillard qui baigne les berges du Pô.

Jai lu ce week-end avec tout autant de plaisir Les ombres de Montelupo, qui se passe dans le village natal de Soneri, dans les Appenins.

Bonne nouvelle : il m’en reste encore six à lire, huit des romans du cycle Soneri ayant été traduits en français.

Dans notre jardin du Vexin, la bignone est de plus en plus belle.

Au potager, salade, ciboulette, oseille et basilic.

Voilà pourquoi je fuis la plage.

Bienvenue dans ma semaine Twitter 29 de 2023.

Les milliards ruissellent

Les mots sont souvent traîtres. Tenez, « investir » par exemple.

Une entreprise « investit » quand elle utilise de l’argent, levé auprès de ses actionnaires, emprunté ou généré par ses activités, pour construire une usine, acheter des machines-outils ou développer un logiciel ou une application. Cet « investissement » est réalisé quand l’entreprise estime qu’il aura une rentabilité future supérieure au coût de son capital.

Un épargnant « investit » quand il utilise son argent pour acheter des actions, des obligations (c’est plus rare), ou des fonds investissant eux-mêmes en actions, en obligations, ou dans d’autres classes d’actifs, ou dans une combinaison de plusieurs classes d’actifs. Cet « investissement » est réalisé dans l’espoir qu’il génère une performance future positive plus ou moins élevée.

Au même verbe (« investir ») correspondent des réalités différentes.

Quant au verbe « financer », il me semble être moins polysémique. Une entreprise se « finance » en levant des capitaux auprès de ses actionnaires ou en s’endettant, soit directement auprès d’un prêteur — une banque par exemple —, soit en émettant des obligations sur les marchés.

Est-ce que, quand j' »investis » dans un fonds actions, je « finance » les entreprises en portefeuille ? Oui si je suis investi dans le fonds au moment où celui-ci souscrit à une augmentation de capital d’une des sociétés en portefeuille. Ce qui ne ne passe à peu près jamais.

En effet, il y a belle lurette que la bourse n’est plus l’endroit où les entreprises viennent se financer. 

Au contraire, la bourse est l’endroit où les sociétés cotées viennent racheter leurs actions pour les annuler.

Mais alors, quand j’investis dans un fonds actions, qu’est-ce que je fais ? Je délègue la gestion de mon argent à un tiers professionnel, qui va décider quelles actions acheter et vendre.

Lesquelles actions sont presque tout le temps achetées et vendues à d’autres investisseurs sur le marché dit « secondaire ».

Sur ce marché secondaire, l’argent circule des acheteurs vers les vendeurs. La société dont les actions s’échangent n’en voit jamais la couleur.

Et pourtant, France Assureurs, affirme dans son étude statistique sur l’assurance vie en unités de compte en 2022 que les fonds actions dans lesquels investissent les détenteurs de contrats d’assurance vie en unités de compte « contribuent […] au financement des entreprises ».

Et pas qu’un peu : à hauteur de 278,7 milliards d’euros en 2022.

Euh, vraiment ? Ce qui veut dire que ces fonds actions auraient injecté 278,7 milliards d’euros dans le capital des entreprises en portefeuille ? Depuis quand d’ailleurs, puisqu’il s’agit d’un stock à fin 2022, les flux de l’année étant de 15,6 milliards d’euros ?

Rebelote avec les fonds obligataires : 81,5 milliards d’euros de stocks à fin 2022, des flux de 5,6 milliards d’euros en 2022. Ces fonds auraient donc exclusivement acheté des obligations d’entreprises à l’émission ? Pas d’obligations souveraines ? Pas d’obligations bancaires ? Rien sur le marché secondaire ?

Et dix de der avec les fonds immobiliers : 37,8 milliards d’euros de stocks à fin 2022, des flux de 7,4 milliards d’euros en 2022. Ces fonds auraient donc exclusivement financé des immeubles neufs ?

Cocorico, on apprend même que 

[l]a moitié de ces financements productifs est orientée vers les entreprises françaises (200 Md€), principalement en actions (130 Md€) et, dans une moindre mesure, en obligations (40 Md€) et en immobilier (31 Md€).

Des « financements productifs », vraiment ? Alors qu’il s’agit d’achats sur le marché secondaire pour les actions dont les entreprises ne voient pas la couleur ?

C’est une chose que de convenir gravement que le niveau de compétences des Français en finance est perfectible et de ne pas faire grand chose pour l’améliorer, c’en est une autre que d’écrire des contre-vérités aussi énormes. 

Incompétence ou malhonnêteté intellectuelle ? Je ne crois pas une seconde que les assureurs soient incompétents.

L’autre nom de la malhonnêteté intellectuelle, c’est le mensonge.

De l’inconvénient d’être concentré

L’indice actions capipondéré par le flottant est une merveilleuse invention. A condition d’être suffisamment diversifié.

Ce qui n’est pas le cas de l’indice Nasdaq-100, qui subit aujourd’hui 24 juillet 2023 le troisième rééquilibrage « spécial » (« special rebalance ») de son existence1.

Comme son nom l’indique, le Nasdaq-100 inclut les 100 principales valeurs cotées sur le Nasdaq. Les choses étant ce qu’elles sont, ces valeurs sont principalement technologiques, ou apparentées. Par ailleurs, le Nasdaq-100 exclut explicitement les valeurs financières.

Cet indice est aussi un indice capipondéré par le flottant « modifié ». Ce qui veut dire que le comité qui en pilote l’évolution s’est donné la latitude de limiter le poids de certains composants pour éviter que l’indice n’enfreigne les règles régissant la composition des fonds.

Car l’indice est une abstraction qui n’est rien sans les fonds qui le répliquent. Lesquels fonds sont soumis à des règles de diversification : poids par valeur limité à 24% du total, poids collectif des sociétés représentant individuellement plus de 4,5% du total limité à 48%.

C’est cette dernière règle qui a brièvement été enfreinte en juin, suite à la hausse très importante du cours de l’action Tesla : 6 actions (Microsoft, Apple, Google, Amazon, Nvidia, Tesla) pesaient alors plus de 50% de l’indice.

D’où la décision du comité de pilotage du Nasdaq-100 de réduire le poids des sept principales valeurs (« The Magnificent Seven », à savoir les valeurs précédentes plus Meta) de 56 à 44% du total de l’indice.

La réduction des poids de chaque valeur n’a pas été faite de façon systématique : Nvidia et Microsoft sont les plus affectées, avec une réduction de leur poids de trois points de pourcentage.

Dans la mesure où plus de 250 milliards de dollars de fonds indiciels répliquent cet indice, ils ont été contraints de faire des transactions (achats et ventes) pour respecter les nouvelles pondérations.

Transactions forcées qui sont autant d’opportunités pour les gérants actifs (notamment certains hedge funds spécialistes de ce type d’arbitrage) pour créer de l’alpha.

Qu’en retenir ? Que certains indices sont moins diversifiés et qu’ils peuvent rencontrer des problèmes de concentration. L’investisseur qui veut rester serein s’exposera donc prioritairement à des indices très diversifiés et réservera une portion limitée de son portefeuille total à des indices concentrés.

Robin Wigglesworth, journaliste au Financial Times, a écrit un livre exceptionnel sur l’histoire de la gestion indicielle, dont les indices sont un ingrédient indispensable : Trillions – How a Band of Wall Street Renegades Invented the Index Fund and Changed Finance Forever.

Devenir riche en ne faisant (presque rien)

Euh, c’est quoi ce titre racoleur ? Aurais-je basculé du côté très obscur du blog financier ?

Rassurez-vous, ce n’est pas ce que vous pensez.

Barry Ritholtz est un conseiller financier dont la voix porte aux Etats-Unis : un blog (The Big Picture), 214 000 abonnés sur Twitter et un podcast sur Bloomberg (MiB, pour Masters in Business).

Pas vraiment le zozo à vous donner les derniers tuyaux pour faire fortune en quelques jours.

Il a pourtant titré un récent billet « Comment devenir riche sur les marchés ».

Il a détaillé dix approches, qu’ils a classées par ordre croissant de difficulté et auxquelles il a affecté une probabilité de succès et une durée minimum pour réussir.

1. Trouver le prochain Apple ou le prochain Nvidia
Les histoires d’Apple ou de Nvidia sont évidentes a posteriori. A priori, c’est une autre paire de manches. Et le chemin jusqu’à la gloire a été semé d’embûches, avec des baisses ayant dépassé 80%. Auriez-vous eu le cran de conserver ces valeurs contre vents et marées ?

– Difficulté: 10/10
– Probabilité de succès : 1/10
– Durée requise: 5-20 ans

2. Innover

Inventez l’équivalent des ETF, du Direct Indexing, des applications de trading gratuit du crédit privé, des crypto, ou toute autre idée de Fintech. Créez une société, générez du chiffre d’affaires et vendez-la à une plus grande société. Quoi de plus facile ?

– Difficulté : 9/10
– Probabilité de succès : 2/10
– Durée requise: 2-7 ans

3. Montez à bord de la prochaine bulle (mais descendez avant qu’elle n’éclate)

C’est facile, il suffit 1. D’identifier ces bulles au moment où elles se forment ; 2. Acheter (même si c’est cher) ; 3. Estimer le moment où elles vont éclater ; 4. Vendre avant la débâcle.

– Difficulté: 8/10
– Probabilité de succès : 3/10
– Durée requise: 1-5 ans

4. Vendre à découvert des actions ou des marchés

A l’opposé du point précédent, vous pouvez identifier des sociétés ou des marchés terriblement surévalués, et pariez contre eux en les vendant à découvert. Bien sûr, les foules ont raison la plupart du temps, mais quand elles ont tort, ça peut être spectaculaire.

Vous aurez besoin d’un mental d’acier pour faire face aux short squeezes et au insultes, mais ça en vaut probablement la peine.

– Difficulté: 7/10
– Probabilité de succès : 4/10
– Durée requise: 6 mois à 3 ans

5. Timer le marché

Les marchés montent, les marchés baissent, Markets go up, markets go down, est-ce vraiment si difficile de surfer la vague au bon moment ?

Spoiler : oui, ça l’est.

– Difficulté: 6/10
– Probabilité de succès : 5/10
– Durée requise: A chaque changement de tendance majeur

6. Fournir un service utile

Trouvez une façon de fournir un service de recherche, d’exécution ou de gestion d’actifs, ou qui permet simplement d’identifier ce que tous les autres ont manqué. Il ne vous reste plus qu’à monétiser ce service.

– Difficulté: 8/10
– Probabilité de succès : 7/10
– Durée requise: 7-12 années

7. Devenir un vendeur exceptionnel

Si vous pouvez convaincre les gens d’acheter ce que vous vendez, de quoi qu’il s’agisse, et facturer une marge ou des frais substantiels pour ce service, alors vous pouvez devenir très riche. Il n’est pas nécessaire d’avoir raison, il suffit d’avoir confiance en vous et de gagner la confiance de vos clients.

– Difficulté: 5/10
– Probabilité de succès : 9/10
– Durée requise: La durée qu’il vous faut pour réussir la vente

8. Faire de l’indiciel

Acheter le marché tout entier ; conservez pendant des années ; profitez de votre retraite.

Le défi, c’est que votre instinct et votre comportement vont jouer contre vous tout le temps.

Alors qu’en termes de difficulté, ça devrait avoir la note de 1 sur 10, malheureusement, votre propre câblage rend la tâche plus difficile.

– Difficulté : 5/10
– Probabilité de succès : 10/10
– Durée requise: 20-50 ans

9. Mettre en place des versements programmés

Les versements programmés sont une autre façon de presque garantir que vous allez accumuler une fortune, mais seulement si vous vous y tenez sur la durée.

Le faire en utilisant des fonds indiciels très diversifiés est la meilleure approche, mais certains l’ont fait avec succès en utilisant des actions sélectionnées individuellement (avant tout avec des blue chipsLe problème de cette approche est que les blue chips changent au fil du temps : General Electric en était une jusqu’au début des années 2000.).

– Difficulté : 3/10
– Probabilité de succès : 9/10
– Durée requise: 10-50 ans

10. Laisser courir pour toujours (en d’autres termes, ne vendez que rarement)

Le temps est votre allié sur les marchés, et plus longtemps vous laissez vos investissement fructifier, notamment en réinvestissant les dividendes, plus riche vous serez.

Si ça marche pour Warren Buffett, ça devrait marcher pour vous aussi.

– Difficulté: 2/10
– Probabilité de succès : 10/10
– Durée requise: pour toujours.

Si je peux hasarder une recommandation, suivez seulement les trois derniers conseils : peu d’efforts sont requis et la probabilité de succès est élevée.

Quel dommage que si peu d’acteurs — à part Bux, Trade Republic et Scalable Capital — permettent la mise en place de versements programmés en ETF dans l’enveloppe compte-titres ordinaire ou compte-titres PEA.

Les courtiers en ligne français sont bien peu innovants. J’espère que la pression des néo-brokers sus-mentionnés va les sortir de leur torpeur.

Rien de tel que la concurrence.

Qui c’est les plus forts évidemment c’est BlackRock

Quand on est actionnaire d’une société, on a des droits. Notamment celui de voter lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires ou lors des assemblées générales extraordinaires.

Le principe général est celui d’une action, un vote2 : vous détenez 10% des actions, vous avez 10% des droits de vote. 

Les actionnaires votent des résolutions (pour, contre, abstention) présentées par le conseil d’administration de la société ou par des actionnaires. Certaines résolutions présentées par des actionnaires peuvent ne pas avoir l’agrément du conseil d’administration. Par exemple quand un fonds activiste — Engine N°1 — présente ses propres candidats au conseil d’administration d’ExxonMobil (j’en avais parlé ici).

Les fonds indiciels détiennent une part grandissante du capital des sociétés, à tel point qu’ils sont souvent les premiers actionnaires de certaines sociétés. Notamment les deux plus gros gérants indiciels au monde, BlackRock et Vanguard. Les investisseurs dans les fonds délèguent à la société de gestion la tâche de voter en assemblée générale.

Depuis des années, les thématiques ESG montent en puissance lors des assemblées générales : certaines sociétés de gestion demandent aux sociétés dont elles sont actionnaires d’en faire plus, notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Certains gouverneurs d’états républicains ont flairé un nouveau filon pour attiser la colère de leurs électeurs : l’ESG serait woke, et BlackRock, qui avait eu la révélation ESG dans la lettre envoyée début 2019 par Larry Fink aux dirigeants des sociétés cotées, serait l’avant-garde du wokisme ESG.

Peu importe que l’accusation soit grotesque, l’essentiel est de mettre les électeurs en colère.

La politique de vote des sociétés de gestion en assemblée générale est donc surveillée de très près aux Etats-Unis et ces sociétés ont compris qu’il fallait repasser le mistigri du vote aux investisseurs dans les fonds pour éviter à la fois les accusations d’en faire trop (portées par des élus républicains) et celles de n’en faire pas assez (portées par les partisans de l’ESG en général et de la lutte contre le réchauffement climatique en particulier).

BlackRock a lancé en 2021 Voting Choice, un programme permettant aux investisseurs institutionnels dans certains de ses fonds indiciels de voter eux-mêmes directement en assemblée générale (détails ici).

Les institutionnels ont accès à 4 options :

  1. Ils votent eux-mêmes directement.
  2. Ils votent eux-mêmes directement pour certains sujets et délèguent à BlackRock ou à une politique de vote établie par un tiers sélectionné par BlackRock pour les autres sujets.
  3. Ils choisissent une politique de vote parmi les choix proposés par BlackRock.
  4. Ils délèguent le vote intégralement à BlackRock.

Au 31 mars 2023, sur les 4500 milliards de dollars d’encours en actions, 2100 milliards sont éligibles au programme Voting Choice, et 555 milliards votent directement.

Après les institutionnels, il  était logique d’étendre le programme aux particuliers, puisque ces derniers sont les électeurs derrière lesquels s’abritent les gouverneurs républicains énervés qui accusent BlackRock de wokisme.

BlackRock vient donc d’annoncer que les particuliers investis dans son plus gros ETF actions Etats-Unis, iShares Core S&P 500 ETF (IVV)3  —  ils sont plus de 3 millions —  pourraient choisir entre  différentes politiques de vote à partir de 2024 (communiqué de presse ici).

Et il y en a pour tous les goûts :

  • BlackRock Investment Stewardship Policy
  • Glass Lewis Benchmark Policy
  • Glass Lewis Climate Policy
  • Glass Lewis Governance Focused Policy
  • ISS Board Aligned Policy
  • ISS Catholic Values Policy
  • ISS Socially Responsible Investing Policy

Glass Lewis et ISS sont les deux principaux cabinets de conseil en vote.

Voici comment se présente Glass Lewis, qui a racheté la société française Proxinvest en 2022 (source) :

Glass Lewis est le principal fournisseur de solutions indépendantes de gouvernance au niveau mondial. Nous permettons aux investisseurs institutionnels et aux sociétés cotées en bourse de prendre des décisions durables, basées sur la recherche et les données.

Et voici comment se présente ISS, qui appartient au groupe Deutsche Börse (source) :

ISS […] is a leading provider of corporate governance and responsible investment solutions, market intelligence, fund services, and events and editorial content for institutional investors and corporations, globally.

Les particuliers peuvent voter comme BlackRock, ou choisir une politique de vote axée sur le G — Gouvernance — d’ESG, ou encore une politique axée sur le E — Environnement — d’ESG, ou encore de soutenir les résolutions déposées par le conseil d’administration des sociétés (ISS Board Aligned Policy), et enfin choisir une politique alignée sur les valeurs catholiques.

BlackRock a réussi un joli coup mais je crains que les énervés républicains ne se calment pas pour autant. Il me semble en effet probable que très peu de particuliers investis dans IVV choisiront de voter.

Le débat sur la possibilité de permettre aux investisseurs dans les fonds de voter eux-mêmes aux assemblées générales des sociétés dont les fonds sont actionnaires n’existe absolument pas en Europe. Ce serait pourtant fort utile que ce soit possible.

Pour les particuliers en France en revanche, la route risque d’être très longue : la majorité des encours des fonds sont détenus via l’assurance vie. Dans ce cas, c’est l’assureur qui est propriétaire des fonds, pas l’assuré. Ce serait donc l’assureur qui pourrait le cas échéant voter si un programme comme Voting Choice était introduit en France. Pas sûr qu’il (l’assureur) ait envie de permettre aux assurés de voter. 

Si vous n’avez pas la référence du titre de cette vignette, la voici. Je sais que je vais faire la joie de G., lecteur de ce blog et fan des Verts.

Des nouvelles du #H2Ogate

Avertissement : j’assiste depuis novembre 2022 l’Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d’une mission rémunérée (détails ici). Suspendue depuis avril 2023, elle est susceptible de redémarrer. A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l’affaire H2O AM sur ce blog.

Ça y est, le hold-up légal a eu lieu : les parts R historiques, moins chargées en frais, ont été absorbées par les parts SR, bien plus chères, dans l’intérêt des porteurs de parts, bien entendu.

Que voulez-vous, H2O AM a dû payer l'amende la plus élevée jamais infligée par l'AMF (75 millions d'euros) ; et puis l'inflation ; et puis ces 20000 euros par jour que le Tribunal de Commerce de Paris s'acharne à faire payer à H2O AM dans le cadre de la mission d'expertise confiée à Eric Pinon parce que H2O n'aurait pas été totalement transparente dans la communication de la correspondance entre Messieurs Crastes et Chailley et l'inénarrable Lars Windhorst.

Lequel Lars Windhorst a supprimé tout l'historique de ses tweets récemment4. Il n'y en avait pas beaucoup, ils n'étaient pas très intéressants, mais Lars avait l'habitude de se prendre en photo avec des people, ce qui n'est pas une bonne idée quand on doit beaucoup d'argent à de multiples créanciers (j'ai parlé ici de ses récents démêlés judiciaires avec un riche Italien domicilié à Monaco à qui Lars doit beaucoup d'argent5).

Heureusement qu'il y a Robert Smith, le journaliste du Financial Times qui a fait éclater l'affaire en 2019 avec sa consoeur Cynthia O'Murchu, pour suivre l'actualité des people.

Voilà Lars avec son ami Mike Milken, qui a lui aussi eu des démêlés avec la justice et qui a même purgé une peine de prison6 (ce qui n'est pas le cas de Lars).

Deux légendes.

J’attends avec une impatience toujours déçue la mise à jour des valeurs mensuelles estimatives des 7 side-pockets à fin mars. Depuis le début de l’année, elle advenait dès le début du mois. Les valeurs estimatives en ligne sur le site de la société de gestion le 24 juillet à 10 heures étaient toujours celles de fin février.

H2O AM a déjà suspendu la mise à jour des valeurs mensuelles estimatives des side-pockets : celles de fin avril et fin mars 2021 puis de fin septembre, fin octobre et fin novembre 2021, puis de fin octobre et fin novembre 2022 n’avaient pas été publiées.

C'est bien entendu dans un souci de transparence, pour maximiser la performance et la liquidité des actifs Windhorst pourris.

Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.

Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.

Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.

Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.

Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.

Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).

Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.

Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.

En fait de 250 millions, ce sont 144 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.

Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.  

Voilà où on en est au 20 juillet 2023 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 28 février 2023). J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant de la distribution du 23 janvier 2023.

En matière de décollecte, voilà où on en est.

Voici l'évolution des encours des fonds entre leur création et fin juin 2023.

En matière de performance, voilà où on en est. Je rappelle que le hold-up légal des parts SR s'est accompagné d'un tour de magie : ces anciennes parts SR sont devenues des parts R (ce hold-up et ce tour de passe-passe concernent les quatre premiers fonds du tableau, les trois derniers n'ayant jamais eu de parts SR).

Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 29 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).

Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens ci-dessous (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).

Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais .

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C’était ma semaine Twitter 29 de 2023. Sayōnara. さようなら.

Illustration : Timothy Eberly sur Unsplash

  1. L’indice Nasdaq-100 a été créé le 31 janvier 1985.
  2. Il y a malheureusement de plus en plus d’exceptions, notamment aux Etats-Unis, où les actions des fondateurs peuvent avoir des droits de vote multiples. Ce qui permet par exemple à Mark Zuckerberg, le dirigeant de Meta, de disposer d’une large majorité des droits de vote — 58% — en ne détenant que 14% du capital.
  3. 347 milliards de dollars d’encours au 20 juillet 2023.
  4. Le 26 juillet, les 147 tweets de Lars étaient de nouveau disponibles...
  5. Mais beaucoup moins qu'aux side pockets de H2O AM.
  6. La condamnation initiale à dix ans de prison a été réduite à deux ans. Milken a été grâcié par le Président Trump en février 2020.

Une réponse sur « Ma Semaine Twitter 29 de 2023 »

Je souhaitais signaler que l’on peut également être supporter lyonnais et se délecter avec toujours autant de plaisir à la lecture de vos articles ! Un très grand merci pour votre pédagogie et votre humour, et bien sûr très bonnes vacances à vous ( bonne chance pour le remplissage du coffre, votre connaissance Lars pourrait être une aide efficace à l’arrivée pour le vider)

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