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Ma Semaine Twitter 7 de 2023

Si, pour devenir roi de France, il faut devenir catholique, le futur Henri IV est prêt à abjurer le protestantisme. Ce qu’il fit le 25 juillet 1593 lors d’une cérémonie religieuse qui se tint dans la basilique de Saint-Denis.

Paris vaut bien une messe.

En novembre 2020, un président élu 4 ans auparavant perd les élections aux Etats-Unis et sa cour fabrique de toutes pièces le mensonge d’élections qui auraient été volées avec la complicité de Dominion, la société qui fournit à quelques Etats des machines à voter électroniques.

Fox News, la chaîne de désinformation appartenant à News Corp, société dirigée par l’inoxydable Rupert Murdoch, avait été le très fidèle porte-parole de l’administration Trump pendant 4 ans.

Les fers de lance de la désinformation sur Fox News s’appellent Tucker Carlson, Sean Hannity et Laura Ingraham. Ces présentateurs propagent à l’antenne le mythe de l’élection volée.

On vient d’apprendre à l’occasion de la préparation du procès intenté par Dominion à Fox News que ces porte-flingues n’en croyaient pas un mot et savaient pertinemment que les élections s’étaient déroulées de façon régulière.

Mais voilà, dès que Fox News annonce une nouvelle favorable à Joe Biden, les spectateurs sont furieux et le font savoir.

Une journaliste de Fox News, Jacqui Heinrich, ose même affirmer n’avoir trouvé aucune trace de fraude.

Tucker Carlson envoie alors ce message à Sean Hannity :

Virez-la. Sérieusement, c’est quoi ce bordel ? Cela nuit à l’entreprise. Le cours de l’action est en baisse. Ce n’est pas une blague. 

Ben ouais, quoi :

Mes stock-options valent bien un énorme mensonge.

J’ai rarement vu faillite morale plus méprisable.

J’avais dit ici tout le bien que j’avais pensé du livre de Raphaëlle Branche, Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? 

Cette dernière, historienne, a coordonné un magnifique livre de témoignages, En guerre(s) pour l’Algérie.

15 personnes ont été interrogées : femmes, hommes, Algériennes et Algériens, Françaises et Français. Chacune raconte ses souvenirs de la guerre, et c’est très émouvant.

Messaoud Kafi éclaire les mécanismes de recrutement des harkis, Stive Modica explique la trajectoire d’un jeune français nationaliste d’extrême-droite qui s’engage à 18 ans pour combattre en Algérie et devient mercenaire après l’indépendance.

Dorothée Myriam Kellou demande à Slimane Zeghidour, né le 20 septembre 1953 en petite Kabylie s’il allait à l’école coranique ou à l’école française.

Non, il n’y avait ni école, ni route, ni électricité, ni médecin, ni transistor. Il n’y a absolument rien du tout. Il y avait, par contre… J’apprendrai plus tard, qu’aux alentours de ce village qui vivait pratiquement au néolithique, il y avait des villes qui s’appelaient Strasbourg… Je ne sais pas, à 50 kilomètres… Strasbourg, Chevreul, Jemmapes, La Fayette, Gravelotte, Waldeck-Rousseau… Chacune de ces villages avait son kiosque à musique, sa mairie, son église. C’étaient des petites France provinciales. Sa salle de casino, son petit cinéma. C’était la France. Et nous, nous étions comme des îlots, comme ça au milieu, traversés par aucune route, par aucun câble électrique, absolument rien du tout.   

En guerre(s) pour l’Algérie, c’est aussi un très beau documentaire de Rafael Lewandowski.

Avez-vous fait un cadeau pour la Saint Valentin ?

Avez-vous remarqué la réclame dans la photo du tweet d’Etienne Dorsay ci-dessus ?

La France emprunte à la France. 7,5% net d’impôts.

Je ne sais pas de quel emprunt il s’agit. Il y a eu le célèbre emprunt Giscard d’Estaing à 15 ans émis le 16 janvier 1973 et souscrit intégralement dans la journée, mais il était à 7%. Indexé sur l’or, il coûta une fortune à l’Etat français.

Je rappelle qu’Etienne Dorsay est l’immortel héros, incarné par le regretté Jean Rochefort, de deux films réalisés par Yves Robert : Un éléphant ça trompe énormément, sorti en 1976, et Nous irons tous au paradis, sorti en 1977.

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Bienvenue dans ma semaine Twitter 7 de 2023.

Ne rien changer pour que rien ne change

Dans Le guépard (Il gattopardo), le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896-1957), il est dit ceci :

Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi.

Soit (source) :

Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change.

Cette phrase est passée dans le domaine public, souvent sous cette forme en français :

Il faut que tout change pour que rien ne change.

Dans le débat en cours sur les rétrocessions (dont j’ai parlé ici), quel que soit le point de vue de la commissaire en charge des services financiers (qui veut les interdire) et de la Commission, ce sont les grands Etats membres qui vont imposer leur loi.

L’Allemagne avait parlé : 

Touche pas aux rétrocessions !

ll faut dire qu’au sein de la population des vendeurs de produits financiers, la proportion de ceux ayant opté pour le conseil indépendant est encore plus faible qu’en France (où les indépendants ne pèsent que 6% des CIF, je le rappelle).

On n’avait pas encore vraiment entendu la voix officielle de la France, même si diverses interventions, dont celle — que j’avais trouvé totalement intempestive — d’Anne-Marie Barbat-Layani, la présidente de l’AMF, indiquaient clairement que le pays de la révolution et des droits de l’homme avait fait le choix de l’immobilisme et de la rente.

A savoir :

Il faut ne rien changer pour que rien ne change.

Clément Solal, le correspondant à Bruxelles de L’Agefi, a rapporté les propos d’Emmanuel Moulin, le directeur général du Trésor, lors d’un débat au sein du Conseil Ecofin.

Si l’on détourne les propos tenus par le regretté Georges Pompidou après mai 1968, ça donnerait ceci :

La réforme des retraites, oui, la chienlit de l’interdiction des rétrocessions, non.

Formulé dans la novlangue technocratique, cela donne ceci :

Une mesure générale d’ interdiction des rétrocessions conduirait à mettre en risque l’accès au conseil en investissement. 

Eh oui, le directeur du Trésor agite le vieil épouvantail de l’advice gap, reprenant fidèlement les éléments de langage de l’industrie financière.

Donc, si j’ai bien compris, pour le système des retraites en France, la seule solution pour que rien ne change (à savoir pour que le système tienne le coup encore quelques années avant la prochaine réforme), c’est que tout change.

Alors que pour le marché de rente de la distribution de produits financiers, la seule solution pour que rien ne change (à savoir ne pas perturber la vente de produits financiers maison bien trop chers par des acteurs — les banques et les compagnies d’assurance — ne voulant surtout pas introduire de concurrence), c’est que rien ne change.

Allez, pour me consoler du probable maintien des rétrocessions, un extrait de la sublime adaptation du roman de Lampedusa par Luchino Visconti, Le guépard, avec Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale.

C’est Alain Delon qui prononce les paroles immortelles (à 1:18).

To meet or not to meet

Dans le storytelling du gérant vraiment actif figure la visite sur site. Il est de bon ton de se photographier, casque jaune ou orange sur la tête, en train d’arpenter les usines de tel producteur de véhicules électriques dans un pays lointain.

Boots on the ground !

Pour le sélectionneur professionnel de fonds gérés activement, l’équivalent de « boots on the ground », c’est de se rendre chez le gérant pressenti.

Joe Wiggins, l’excellent auteur du blog Behavioural Investment, se demande si ces visites sont vraiment utiles.

Elles ne sont sans doute pas inutiles, mais Wiggins rappelle que toute interaction avec des êtres humains nous soumet à des facteurs comportementaux dont nous n’avons pas toujours conscience.

Il dresse la liste des principaux facteurs à prendre en compte quand on rencontre un.e gérant.e, ou une équipe de gestion.

  • L’effet de halo : si nous avons une vision positive d’une des qualités d’un individu, nous avons tendance à laisser cette vision impacter notre évaluation globale. Par exemple, un gérant convaincant et éloquent est forcément un bon gérant, non ?
  • Le biais de résultat : même si la performance passée est un très mauvais prédicteur de la performance future, nous avons tendance à trouver les explications d’un gérant surperformant bien plus convaincantes que celles d’un gérant sous-performant.
  • Le biais de sélection : les gérants qui ont du succès et réussissent à collecter beaucoup sont généralement de bons communiquants, qualité qui les a aidé à progresser dans leur carrière. Pour Wiggins, les mauvais communiquants sont probablement probablement des options à considérer : ils ont dû faire face à des vents contraires pour faire carrière.
  • Décrypter les gens : les sélectionneurs de fonds rencontrent les gérants pour se faire une opinion sur leur compétence et leur crédibilité. Mais nous surestimons notre capacité à évaluer les gens, à comprendre leurs motivations et à séparer les faits de la fiction. J’ajoute que les gérants sont souvent préparés à ces entretiens et ne disent aux sélectionneurs que ce que ces derniers ont envie d’entendre.
  • Le charisme : cette caractéristique peut masquer de nombreux défauts, et les réunions avec un gérant sont un lieu idéal pour dissimuler un manque de compétence derrière une forte personnalité.
  • L’asymétrie d’information : il est normal que dans une réunion entre un sélectionneur de fonds et un gérant, ce dernier en sache beaucoup plus que le premier sur les valeurs qu’il étudie. Le sélectionneur va donc souvent donner une grande importance à sa perception du niveau de connaissance des valeurs par le gérant, alors qu’une bonne connaissance des valeurs est une condition nécessaire mais pas suffisante pour être un bon investisseur.

Et vous, que regardez-vous quand vous sélectionnez un fonds, à part la performance passée ?

Joe Wiggins est l’auteur de The Intelligent Fund Investor.

« Le monde n’a jamais manqué de charlatans »

Jean-Denis Errard est  journaliste financier depuis 1980. Il a dirigé les rédactions du Revenu, de La Vie française, du Particulier et de Gestion de Fortune1, et a été chroniqueur pour Les Echos Weekend, Investir et France Info.

En plus de 40 ans de carrière, il a accumulé une connaissance intime et encyclopédique des pratiques du secteur financier en France, dont il restitue la substantifique moëlle dans un livre extrêmement plaisant, L’anti-manuel de l’épargnant – D’après les fables de Jean de La Fontaine, qui vient de paraître chez Enrick B Editions2.

Il s’appuie sur les inusables fables du non moins inusable Jean de La Fontaine (1621-1695) pour mettre en évidence les pièges multiples dans lesquels les épargnants peuvent tomber : arnaqueurs et influenceurs bidon sur internet, conseillers financiers surcommissionnés.

Morceaux choisis :

Durant ma carrière de journaliste financier, maintes fois j’ai été confronté au mensonge. Le mensonge est omniprésent dans l’univers de l’épargne sous […] deux façons […], l’exagération et la dissimulation. Ainsi, soit l’intérêt d’un investissement est mis en valeur et son inconvénient, passé sous silence, soit l’information donnée sur un investissement est fausse ou imaginaire3.

Dans le chapitre 22 (« La raison du plus fort est toujours la meilleure »), c’est un festival.

Errard rappelle deux points importants4 :

Il existe des syndicats professionnels pour défendre les adhérents et provoquer des grèves afin de forcer les négociations. Rien du tel du côté des épargnants en France. Il fut un temps où la presse patrimoniale avait ce rôle d’influenceur. Aujourd’hui, ce type de presse n’a plus beaucoup de lecteurs et n’a plus les moyens d’exercer ce vrai droit de critique qu’elle s’était approprié dans les années 1980 et 1990.

Dans le débat sur l’interdiction des rétrocessions, je me pince quand je lis les propos de représentants de syndicats de CIF mettant en avant les intérêts de leurs clients pour s’opposer à cette interdiction.

Ou quand je lisais dans le rapport annuel 2021 de l’AMF que cette dernière discutait de l’interdiction, finalement annoncée en 2022, des scélérates commissions de mouvement avec des « parties prenantes », sans les nommer.

Je suppose qu’aucune association de consommateurs de produits financiers ne faisait partie des parties prenantes consultées.

Jean-Denis Errard raconte « une anecdote symptomatique »5 :

Un jour, dans un TGV vers Lille où je me rendais avec le directeur général de l’une des grandes banques nationales pour une conférence avec lui, je lui ai posé cette question : « Pourquoi avec la puissance de votre réseau, ne proposez-vous pas à vos clients un placement qui soit intéressant en performance et en niveau de frais, pour vous comme pour eux ? » Sa réplique en dit long pour la considération portée aux « petits » épargnants : « Pourquoi voulez-vous que je fasse cela puisqu’ils se contentent de ce que je leur donne ? » Cette phrase a marqué ma mémoire au fer rouge.

Toujours au même chapitre, Errard rappelle qu’il n’y a aucune concurrence tarifaire en France sur les produits de placement, les banques et les compagnies d’assurance s’entendant tacitement sur des pratiques anti-concurrentielles drapées dans les oripeaux de l’innocente « pratique de marché ».

Il rappelle aussi l’incroyable naïveté6 des pouvoirs publics lors de la création du Plan épargne retraite (PER), qu’il qualifie d’exemple le plus flagrant de cette « pratique de marché »7 :

Lors de son lancement fin 2019, j’avais publiquement interpellé lors d’un colloque professionnel le sous-directeur responsable des assurances à la Direction générale du Trésor au sujet des frais prélevés : « Pourquoi ne pas les plafonner pour éviter les abus sur cette épargne qui est tout de même bloquée jusqu’à la retraite ? » La réaction du haut fonctionnaire fait sourire : « Rassurez-vous, le jeu de la concurrence fera naturellement baisser les frais. » Deux ans après, fin septembre 2021, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, s’est insurgé publiquement contre le niveau de frais appliqués par tous les assureurs.

Une courte fable, pour la route, citée par Jean-Denis Errard au chapitre 9, dans lequel il met en garde contre les arnaques. C’est La poule aux oeufs d’or.

L’avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un oeuf d’or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?

Lisez L’anti-manuel de l’épargnant. A défaut de vous rendre immensément riche en peu de temps, ce livre vous évitera de tomber dans bien des pièges, ce qui n’a pas de prix.

Lisons (ou relisons) Les Fables de La Fontaine. Et comme on n’invente jamais rien, lisons (ou relisons) les Fables d’Esope (VIIè – VIè siècle av. J.-C.), dont La Fontaine s’est plus qu’inspiré.

Esprits animaux

« Animal spirits », c’est la célèbre formule utilisée par John Maynard Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

On les a vus à l’oeuvre pendant la pandémie, où des circonstances exceptionnelles ont conduit à des phénomènes en apparence irrationnels sur des actifs impossibles à valoriser : crypto, meme stocks, NFT, SPAC.

Le pic avait été atteint début 2021, avec le short squeeze sur l’action Gamestop, initié par un collectif d’investisseurs regroupés dans le sous-forum Reddit WallStreetBets, qui avait mis à terre un hedge fund qui était vendeur à découvert.

Je pensais très naïvement que la levée des confinements et les fortes baisses en 2022 des marchés financiers en général, et du cours des pseudo-actifs mentionnés ci-dessus en particulier, avaient calmé les esprits animaux.

Mais non, ils sont de retour. Jennifer Hugues du Financial Times parle de « Meme-stock 2.0 ».

Ils seraient même en partie responsable du fort rebond des marchés actions, et notamment des segments les plus spéculatifs et les plus affectés en 2022.

A tel point que leur part du volume total de trading aux Etats-Unis aurait atteint le niveau record de 25% en janvier selion JPMorgan.

S’il y en a un qui n’a jamais cru aux crypto, c’est Charlie Munger, l’alter ego de Warren Buffett, qui, à 99 ans, a participé la semaine dernière à l’assemblée générale des actionnaires du Daily Journal.

Ses propos sont très rafraîchissants.

 

Il y a un très grand moment, quand il répond à une question générée par ChatGPT sur les principaux biais mentaux à surmonter.

Munger répond que le déni est un des facteurs conduisant à de mauvaises décisions. Il prend comme exemple les gérants actifs, disant que peut-être 5% d’entre eux surperforment, et que les autres vivent dans le déni.

Le clou de sa réponse ? 

[Les gérants actifs] ont pour habitude de facturer des frais élevés pour des choses qui ne font aucun bien à leurs clients. Il s’agit là d’une profonde dépravation morale.

Les économistes George Akerlof et Robert Shiller ont écrit un excellent livre sur les esprits animaux : Les esprits animaux –  Comment nos comportements irrationnels gouvernent l’économie.

Sur l’épisode GameStop, symbole de la folie meme stocks, lisez The Revolution That Wasn’t: GameStop, Reddit, and the Fleecing of Small Investors de Spencer Jakab.

Des nouvelles du #H2Ogate

Avertissement : l’Association Collectif Porteurs H2O m’a proposé de l’assister dans le cadre d’une mission rémunérée (détails ici). A vous de déterminer si cette mission influe sur ma couverture de l’affaire H2O AM sur ce blog.

Le Titanic du H2Ogate, c’est Lars Windhorst, serial entrepreneur spécialiste de la dette jamais complètement remboursée.

Connu comme le loup blanc pour ses pratiques peu ragoûtantes, il a néanmoins réussi à convaincre Bruno Crastes et H2O AM d’investir plus de 2 milliards d’euros confiés par des investisseurs qui pensaient investir dans des fonds global macro dans ses diverses entreprises.

Lars s’était fait très discret sur Twitter ces dernières mois. Il n’avait rien publié depuis le 27 septembre 2022. Il s’extasiait alors sur de très belles images de la NASA.

Lars is back on Twitter ! Pour nous dire avec une photo prise d’avion (son jet privé ?) qu’il arrive à Londres.

Ah, il nous apprend aussi que le dernier-né des chantiers navals Flensburger Schiffbau-Gesellschaft, dont Tennor est actionnaire, a réussi ses premiers tests de navigation en mer. 

Lars, et si tu remboursais une partie de ta dette aux side-pocket en nature en leur transférant la propriété du MV-Tennor Ocean ?

Les porteurs de parts pourraient partir en croisière pour se consoler. Juste retour des choses, puisque tu les mènes en bateau depuis des années8.

Depuis le coup de grisou lié à la brutale chute du rouble russe suite à l’agression de l’Ukraine par la Russie, les fonds affectés ont remonté la pente. Mais pas tous : Moderato et Multiequities sont encore dans le rouge (dans le tableau ci-dessous, quand la hausse nécessaire pour effacer la baisse est négative, c’est que le fonds est repassé au-dessus du niveau qu’il avait à la date de début du drawdown). 

Et si l’on regarde l’évolution depuis le plus haut atteint avant la scission des fonds en deux (la partie saine logée dans un nouveau fonds avec « FCP » à la fin du nom et la partie contaminée par le bacille illiquidita pestis windhorstis  🦠 dans le side pocket), la baisse est encore très, très loin d’avoir été effacée, comme on peut le voir plus bas.

Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.

Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.

Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.

Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.

Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.

Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022.

Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).

Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.

Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.

En fait de 250 millions, ce sont 144 millions qui semblent avoir été remboursés d'après mes calculs.

Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.  

Les calculs ci-dessous n'en tiennent pas compte car je n'ai pas encore décidé de la meilleure manière d'intégrer les remboursements à mes calculs. De plus, les remboursements ne semblent pas encore être parvenus à tous les détenteurs de contrats d'assurance vie exposés aux side-pockets.

Voilà où on en est au 16 février 2023 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 30 décembre 2022).

En matière de décollecte, voilà où on en est.

L'évolution des encours résulte de la combinaison de l'effet marché (voir la performance des fonds ci-dessous) et de la collecte.

En matière de performance, voilà où on en est.

Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 7 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).

Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens ci-dessous (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).

Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais .

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Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.

Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.

Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.

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C’était ma semaine Twitter 7 de 2023. Sayōnara. さようなら.

Illustration : photo tiré du film Le Guépard de Luchino Visconti

  1. Il m’a proposé en 2019 une chronique mensuelle dans Gestion de Fortune, chronique que je tiens toujours aujourd’hui, après son départ fin 2022. Je précise que cette chronique n’est pas rémunérée, que ce soit directement ou indirectement.
  2. Livre qu’il a eu la gentillesse de me faire envoyer par son éditeur, et que je n’ai donc pas payé.
  3. L’anti-manuel de l’épargnant, page 276.
  4. L’anti-manuel de l’épargnant, page 159.
  5. L’anti-manuel de l’épargnant, page 160.
  6. Ou l’incurie ? Je n’ose envisager qu’il y ait collusion avec le complexe quasi militaro-industriel des banques et des compagnies d’assurance.
  7. L’anti-manuel de l’épargnant, page 164.
  8. Je sais, c’est nul, j’ai presque honte.

Une réponse sur « Ma Semaine Twitter 7 de 2023 »

Merci Philippe pour ce nouveau billet.
« Et vous, que regardez-vous quand vous sélectionnez un fonds, à part la performance passée ? » de mon côté, je ne recherche que des ETF indiciels.
Je regarde les frais de gestion, et la perf par rapport au sous-jacent.
Je recherche des indices larges capi-pondérés. La perf passée ne pèse pas si lourd pour moi, je regarde comment intégrer la zone couverte dans un portefeuille global.
Example: un ETF sur le TOPIX n’affiche pas des perf aussi bonnes qu’un S&P500 ou un MSCI World, mais j’investis quand même dessus, par souci de diversification, même si les marches mondiaux sont devenus plus corrélés depuis quelques années.

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