Catégories
Semaine Twitter

Ma Semaine Twitter 17 de 2024

Il faut sauver les bourses européennes !

La petite musique a commencé à retentir au Royaume-Uni : la 3ème place boursière mondiale en termes de capitalisation (3,79% du MSCI World à fin mars 2024) derrière les intouchables Etats-Unis (70,89%) et le Japon (6,13%) est en plein doute existentiel.

Depuis 2020, Abcam, Ferguson, Smurfit Kappa Group ou encore Arm Holdings ont quitté les bords de la Tamise pour New York. Pis encore, Shell, fleuron historique de la cote, a menacé de faire de même.

Pour les introductions en bourse (IPO), notamment de sociétés du secteur des technologies, ce sont encore les Etats-Unis (NYSE et Nasdaq) qui raflent la mise.

C’est encore pire pour Euronext Paris, qui ne joue plus dans la même division que le London Stock Exchange depuis bien longtemps.

Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, vient d’annoncer à Bloomberg qu’il étudiait la question « légitime  » d’une cotation principale à New York à la demande de son conseil d’administration.

La place principale de cotation de TotalEnergies est Euronext Paris, mais la liquidité, l’accès aux capitaux et une valorisation plus élevée sont à New York, où les actions de la société sont également cotées.

Eh oui, la France est un pays capitaliste avec peu de capitaux. La France est le pays des livrets réglementés, du fonds euro et de l’aversion au risque.

C’est aussi le 4è pays dans l’indice MSCI World avec un poids de 3,16% à fin mars 2024.

Heureusement, l’éducation financière va donner le goût du risque aux épargnants français, qui vont en outre se mettre massivement à financer l’économie réelle grâce aux fonds de capital-investissement démocrratisés.

Et les cadres législatif et réglementaire vont évoluer pour orienter magiquement les flux de capitaux des épargnants européens vers l’économie de l’UE, si l’on en croit le dirigeant de BNP Paribas AM (voir ci-dessous).

Et un « produit d’épargne européen » va bien finir par voir le jour (on ne rit pas), depuis le temps que des rapports en parlent.

Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sens pas.

J’ai lancé en novembre 2023 un Substack à destination des investisseurs privés, L’Odyssée des Placements. Mon objectif ? Contribuer à améliorer la littératie financière des abonné.e.s.

Le lancement est parrainé par Indexa Capital, qui commercialise en France le contrat d’assurance vie en gestion sous mandat le moins cher (j’en avais parlé ici) : Indexa Vie Spirica. Vous pourrez bénéficier sous conditions d’une remise pendant un an sur les frais d’assurance et de mandat en suivant ce lien.

J’ai passé le week-end en famille dans le Poitou : pas de jardinage, mais deux séances de jogging en forêt avec une des mes filles.

La forêt au printemps, c’est magique. La forêt de Guesnes au printemps, c’est magique.

Et c’est aussi parfaitement aménagé pour la marche : ça s’appelle les sentes de Fondoire.

La semaine dernière, sans quitter Paris, je suis allé en Islande en compagnie de l’excellent Arnaldur Indridason et d’un de ses deux héros récurrents, le moins sympathique (le plus sympathique étant Erlendur Sveinsson).

Dans Les Parias, Konrad, inspecteur de police retraité, cherche à résoudre une énigme criminelle des années 1950 et accessoirement à savoir qui a assassiné son père.

Il va finir par y arriver, non sans peine et non sans faire des dégâts chez ses proches.

Avec Paz de Caryl Férey, je suis parti en Colombie, où il fait nettement plus chaud. Cette Colombie où la guerre civile de 50 ans a pris fin mais où la violence extrême règne encore.

Paz est l’histoire d’une famille, le père est un des dirigeants du pays, l’un des fils est le chef de la police de Bogotá, l’autre fils, qui fut guerillero chez les FARC, vit sous une nouvelle identité connue seulemement de son père et de son frère. Qui ont besoin de lui pour mettre fin à une séquence de meurtres ignobles.

Dans le même registre, toujours en Amérique du sud, Férey a écrit Mapuche (qui se passe en Argentine) et Condor (qui se passe au Chili). 

Ah ah, une nouvelle tentative de « simplification administrative », sans doute la vingtième depuis que je suis en âge d’avoir une vie administrative.

Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer.

Ah, Mon Oncle.

Allez, ça va vous mettre de bonne humeur pour la semaine.

Vous trouvez déjà ce billet trop long ? J’ai fait la synthèse de ce qui suit dans une vidéo de moins de 3 minutes.

Vous pouvez même vous abonner à la chaîne YouTube d’Alpha Beta Blog ici.

Bienvenue dans ma semaine Twitter 17 de 2024.

Investir ou financer ?

L’un des leitmotive de ce blog est que les mots ne veulent plus rien dire.

Rien ne me hérisse plus le poil que d’entendre des professionnels présumés de la finance répéter comme un mantra qu’en « investissant » dans un fonds actions, on « finance » l’économie.

Ce qui revient à dire que quand j’achète une action d’une entreprise, mon argent va dans les caisses de l’entreprise.

Ce qui est bien entendu faux dans la quasi totalité des cas.

Sauf quand ladite entreprise augmente son capital et que je participe à cette augmentation de capital. Dans ce cas seulement, l’argent que j’investis dans les actions de la société X sert effectivement à « financer » la société X en renforçant ses fonds propres.

Le fonds actions dont j’achète des parts achète et vend des actions. Il les achète à un vendeur et les vend à un acheteur, sur le marché dit « secondaire » (alors qu’une société cotée émet de nouvelles actions sur le marché « primaire »).

Sauf en cas d’augmentation de capital, les vendeurs d’actions ne sont jamais les sociétés cotées.

Des élus des Etats-Unis mettent les mots au service de leur agenda politique en faisant croire qu’en « investissant » dans des fonds actions Chine, l’argent des Etatsuniens « financerait » les entreprises chinoises, pays considéré comme une menace stratégique.

Un comité Théodule1 sans réel pouvoir de la Chambre des Représentants a ainsi enquêté sur MSCI et BlackRock, considérés comme des agents facilitateurs du « financement » des entreprises chinoises par les capitaux étatsuniens.

Ce comité porte un nom qui fleure bon le maccarthysme : « The select committee on the strategic competition between the United States and the Chinese Communist Party ».

Le titre du rapport : « How American financial institutions provide billions of dollars to PRC2 companies committing human rights abuses and fueling the PRC’s military ».

Les fins limiers du comité ont fait des découvertes « choquantes » :

  • En 2023, des institutions financières importantes ont apporté 6,5 milliards de $ à 63 sociétés chinoises blacklistées par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique ou figurant sur une liste de vigilance3 parce qu’elles permettent aux capacités militaires de la Chine de progresser ou soutiennent les violations des droits humains commises par le Parti Communiste Chinois.
  • Les indices MSCI ont orienté 3,7 milliards de $ vers ces entités.
  • BlackRock a investi au minimum 1,9 milliards de $ dans ces sociétés.

Evidemment que les 6,5 milliards de $ mentionnés ne sont pas allés dans les poches des 63 sociétés chinoises ; évidemment que les 1,9 milliards de $ investis par BlackRock dans les titres de ces sociétés ne sont pas allés dans les poches desdites sociétés.

Et pourtant, tordant le cou des mots, le comité Théodule ose écrire ceci :

Grâce aux produits de notre propre industrie financière, l’épargne et l’argent investi pour la retraite gagné à la sueur de leur front par les Américains soutiennent la modernisation militaire d’un adversaire étranger et le développement d’outils utilisés par le Parti Communiste Chinois pour violer les droits humains. De nombreux investisseurs n’en ont sans doute pas la moindre idée.

Ce comité Théodule veut que le Congrès des Etats-Unis 

  • [r]estreigne les investissements dans les sociétés chinoises blacklistées par le gouvernement des Etats-Unis, y compris dans les filiales, les affiliés, les sociétés-mères et les holdings.
  • Exige des sociétés étatsuniennes cotées de communiquer sur les risques clés liés à la République Populaire de Chine.
  • S’assure que le système financier étatsunien soit résilient face à l’incertitude de marché en Chine.

Bref, l’objectif est d’embarquer le système financier dans une rivalité géopolitique.

Ça peut paraître anecdotique vu d’Europe, mais remplacez « République Populaire de Chine » par « Union Européenne » et ça devient tout de suite moins drôle.

Mais bien sûr, ça n’arrivera jamais, n’est-ce pas ? Les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne sont des alliés indéfectibles, n’est-ce pas ?

Sur le maccarthysme, je recommande un récent épisode de Concordance des temps, l’excellente émission de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture, avec Hélène Harter : Le maccarthysme, fracture américaine.

Si vous préférez la fiction, lisez J’ai épousé un communiste du grand Philip Roth (1933-2018).

Et si la rivalité entre les Etats-Unis d’Amérique et la République Populaire de Chine vous intéresse, voire vous empêche de dormir, lisez Vers la guerre – L’Amérique et la Chine dans le piège de Thucydide ? de Graham Allison.

Dérives

La bourse n’est plus, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, le lieu où les entreprises se financent.

En fait, la bourse est devenue le lieu où les entreprises rachètent leurs propres actions, généralement pour les annuler.

Et c’est mal.

C’est même le « symbole ultime des dérives du capitalisme financier », si l’on en croit le titre d’un article d’Isabelle Chaperon dans Le Monde.

La journaliste a fait son travail, en donnant la parole aux diverses sensibilités.

Un anti, en la personne de François Hommeril, le président de la Confédération française de l’encadrement-CGC, dans un message sur X :

Pendant que le gouvernement cherche 10 Mrds sur le dos des chômeurs (notamment),

Alors que les entreprises sont arrosées d’argent public comme jamais (215 Mrds en 2023),

Les géants du CAC40 spéculent pour enrichir leurs actionnaires en brûlant 30 Mrds,

Tout va bien.

Un pro, en la personne de Pascal Quiry, coauteur du Vernimmen.

Si l’on veut taxer les rentes, pénaliser les rachats d’actions n’a aucun sens. Car les rachats d’actions, comme les dividendes, permettent au contraire de faire circuler l’argent des entreprises mûres vers celles qui ont des besoins de capitaux. Grâce aux programmes de rachats d’actions de TotalEnergies, les actionnaires peuvent financer les augmentations de capital des producteurs d’énergies renouvelables Voltalia ou Neoen.

Et un vigilant, comme Stanislas de Bailliencourt, responsable de l’allocation d’actifs de Sycomore AM.

Nous sommes attentifs à ce que les rachats d’actions entrent dans une politique de retour aux actionnaires cohérente, qui n’obère pas les capacités d’investissement à long terme de l’entreprise.

Je ne suis pas certain que les rachats d’actions soient le « symbole ultime des dérives du capitalisme financier » et je suis plutôt du côté de Pascal Quiry.

Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que les lois et les réglementations sont faites par les législateurs et les régulateurs.

S’ils estiment que les rachats d’actions, c’est mal, qu’ils les taxent. C’est d’ailleurs ce qui se passe aux Etats-Unis4, paradis s’il en est du capitalisme financier.

Il semble qu’Emmanuel Macron, qui fut pendant quelque temps banquier d’affaires, soit contre le « cynisme » des rachats d’actions, comme le rappelle Isabelle Chaperon.

En mars 2023, déjà, en plein tumulte sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron, lui-même, avait lancé la charge contre le « cynisme » des multinationales « qui font des revenus tellement exceptionnels qu’elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions ». Et le président de la République de plaider alors en faveur d’une ponction pour que les « travailleurs puissent profiter de cet argent ».

Tout cela finira donc, comme souvent en France, par une taxe recommandée par un Comité Théodule, modernisé sous le nom de « task force »5, celle qui a été confiée au rapporteur général du budget, Jean-René Cazeneuve, pour « taxer les rentes ».

Conséquences imprévues

Après les dérives du capitalisme, une autre tarte à la crème du degré zéro du commentariat : les conséquences imprévues (« unintended consequences ») de la gestion indicielle.

Brève histoire des marchés d’actions aux Etats-Unis : avant, il n’y avait rien. Puis il y eut les actions et l’intermédiaire obligé, le courtier. Le courtier devint très riche grâce aux commissions de courtage outrancières. Puis vint la gestion collective. Active, forcément. Puis arriva l’ère du gérant star. Peter Lynch de Fidelity en est le symbole.

Mais en 1975, Jack Bogle, en créant Vanguard puis en lançant en 1976 le premier fonds indiciel à destination des particuliers, semait une graine qui allait croître jusqu’à devenir énorme.

A tel point que plus de la moitié des encours gérés collectivement dans des fonds régulés aux Etats-Unis est aujourd’hui logée dans des véhicules indiciels.

Comme la gestion indicielle est née aux Etats-Unis, comme les marchés financiers les plus développés sont aux Etats-Unis, les géants de l’indiciel sont des sociétés étatsuniennes : BlackRock, Vanguard, SSGA.

Il se trouve que le poids des Etats-Unis dans la capitalisation boursière mondiale est à un niveau très élevé : 70,89% du MSCI World (23 marchés considérés comme développés) etv 63,82% du MSCI ACWI World (23 marchés considérés comme développés + 24 marchés considérés comme émergents) à fin mars 2024.

La part des Etats-Unis a déjà été plus élevée dans le passé, mais ce passé est lointain (fin des années 1970) et on n’avait alors pas un accès aisé aux données. De plus, les marchés n’étaient pas connectés comme aujourd’hui.

Source : UBS Global Investment Returns Yearbook 2024

Quoi qu’il en soit, l’heure est grave selon Sandro Pierri, le directeur général de BNP Paribas Asset Management, qui s’exprimait lors du salon Trade Tech à Paris.

Questionné sur les moyens pour rendre les marchés de capitaux en Europe plus attractifs, Pierri a dit qu’il convenait de s’interroger sur les conséquences imprévues du développement de la gestion indicielle.

Nous dirigeons 70% des flux supplémentaires vers l’économie des Etats-Unis, pas vers les économies européennes. Nous devons nous assurer que nous comprenons bien les implications d’un trop fort développement de l’indiciel.

Hmmm, si je comprends bien le raisonnement, les Européens ont une allocation d’actifs qui est exactement celle du MSCI World.

Si je comprends bien aussi le raccourci, en dirigeant 70% des flux financiers européens vers les Etats-Unis, nous financerions les entreprises étatsuniennes.

Dans les deux cas, ça n’a aucun sens (voir pourquoi dans la précédente vignette, « investir » n’est pas « financer »).

Voici le plus puissant argument de l’année en faveur du désormais célèbre retour de la gestion active :

C’est pourquoi je pense que la gestion active va faire son retour. Il y aura probablement un cadre réglementaire et politique pour encourager l’épargne à s’investir en Europe.

Aïe, quand je lis « encourager », je crains le pire.

Quelques réflexions : si le poids des Etats-Unis est aussi élevé, ce n’est pas grâce à, ou à cause de la gestion indicielle.

Ce serait tellement bien si les Européens avaient une allocation d’actifs pour leur portefeuille d’actions reflétant celle du MSCI World. Mais je crains que pour les particuliers — qui sont sans doute les investisseurs qui seraient concernés par un « encouragement » réglementaire ou législatif à « investir » en actions européennes —, il n’y ait un fort biais domestique et que le poids des Etats-Unis dans leur portefeuille soit très inférieur à celui dans le MSCI World.

Enfin, « financer » les entreprises européennes, c’est tout aussi possible avec des produits indiciels qu’avec des produits gérés activement.

En outre, la « beauté » de l’indiciel si le « financement » des entreprises est vraiment le sujet, c’est qu’un fonds indiciel doit participer à toute augmentation de capital d’une entreprise présente dans l’indice. Là où un gérant actif pourra déterminer s’il est dans l’intérêt du fonds de le faire.

Bon, évidemment, le géant européen de l’indiciel s’appelle Amundi, pas BNP Paribas Asset Management.

Donc Pierri donne sa solution : l’ETF géré activement pour servir de passerelle entre la gestion active et la gestion indicielle. 

Il a même un nom pour cette stratégie : passif sélectif (« selective passive »), à savoir des ETF ESG gérés activement.

Mais pas trop activement.

L’objectif étant pour les produits déjà lancés par la société d’implémenter activement des critères ESG plutôt que de générer de l’alpha.

Mais rassurez-vous, les prochains produits auront vocation à être aussi générateurs d’alpha. La gestion, c’est simple comme le passif sélectif.

L’ennemi indiciel

L’excellent blogueur Byrne Hobart (The Diff) s’est récemment penché sur la gestion indicielle pour se demander qui en avait peur.

Hobart rappelle les principales critiques :

  • la gestion indicielle serait pire que le marxisme (Inigo Fraser-Jenkins de Sanford Bernstein en 2016) ;
  • un taux de détention élevé du capital de compagnies aériennes par des fonds indiciels ferait monter le prix des billets d’avion ;
  • les fonds indiciels perturbent la fixation rationnelle des cours ;
  • les fonds indiciels sont une menace pour le fonctionnement du capitalisme car leur poids dans le capital des sociétés est trop élevé et ils risque d’imposer leur agenda (lequel d’ailleurs ?) aux directions générales des sociétés cotées. 

Pour Hobart, rien de tel :

Si vous appartenez au marché cible des fonds indiciels, c’est-à-dire si vous ne prenez aucun plaisir à réfléchir de façon obsessionnelle aux marchés et n’avez pas de lumières particulières sur telle société ou tel secteur, alors les fonds indiciels sont très certainement le bon choix pour vous.

Selon Hobart, pendant très longtemps, avant l’émergence de la gestion indicielle à bas coûts, les gérants d’actifs vendaient principalement deux choses :

  • une exposition au marché ;
  • la valeur, quelle qu’elle soit, que le gérant pouvait apporter au-delà des coûts de transaction et des frais de gestion.

La performance annualisée du marché était d’environ 9%, les sociétés de gestion facturaient entre 1 et 2% par an pour donner accès au marché à leurs clients. Certains surperformaient, d’autres sous-performaient, et tout cela variait au fil du temps, la performance revenant aux investisseurs étant celle du marché moins les frais encourus pour s’y exposer.

Arrive la gestion indicielle à bas coûts, qui donne le même accès au marché pour une fraction du coût.

Pas très étonnant que les investisseurs aient voté massivement en faveur de l’option la moins chère.

Hobart examine une à une les objections faites par les opposants à la gestion indicielle et n’en trouve aucune convaincante. 

Selon lui, les arguments des gérants actifs contre la gestion indicielle reviennent à (ne pas) dire ceci :

J’avais un boulot qui payait très bien par rapport à sa difficulté réelle. Mais maintenant j’ai des concurrents qui font mieux que moi et/ou coûtent moins cher, donc j’ai le choix entre travailler plus dur ou être moins payé. Je ne préfère aucune des deux options, au secours ! 

Il y a un peu de ça, non ?

Des nouvelles du #H2Ogate

Avertissement : j’ai assisté entre novembre 2022 et avril 2023 l’Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d’une mission rémunérée (détails ici).  A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l’affaire H2O AM sur ce blog.

Reprenant une information de Bloomberg, Caroline Mignon des Echos nous a appris que H2O AM serait en négociation avec la FCA (le régulateur britannique) pour indemniser les porteurs de parts des fonds contaminés par les actifs non éligibles liés à Lars Windhorst.

Elle mentionne « des centaines de millions d’euros ». 

Tout ça pour éviter une condamnation de la part de la FCA, qui signerait sans doute l’arrêt de mort pour la société de gestion dont la filiale française a déjà écopé de la sanction la plus élevée jamais prononcée par le régulateur français : 75 millions d’euros.

J’ai détaillé la semaine dernière les derniers développements dans le Woodfordgate, une autre affaire de placements illiquides, impliquant également la FCA.

Au fait, H2O AM, combien de divisions ? Il manque des reportings mesuels sur le site de la société de gestion, j’ai dû un peu jongler avec les dates pour reconstituer les encours.

J’arrive à 3,845 milliards d’euros à fin mars (sauf pour 5 fonds dont les encours sont à des dates différentes).

Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.

Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.

Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.

Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.

Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.

Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).

Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.

Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.

En fait de 250 millions, ce sont 144 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.

Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.  

Après avoir cessé pendant des mois de mettre à jour la valeur estimative mensuelle de side-pockets, bloquée à fin février 2023, H2O AM a dû se résoudre le 12 septembre 2023 à la baisser pour les 7 fonds.

Puis de nouveau en octobre pour les valeurs estimatives à fin septembre. Puis de nouveau en décembre pour les valeurs estimatives à fin novembre.

En janvier 2024, coup de théâtre : la valorisation estimative à fin décembre 2023 est en hausse.

H2O AM, généralement mutique, publiait le 26 janvier 2024 un communiqué de presse pour annoncer « un nouveau remboursement dans les prochaines semaines ».

Remboursement « de l’ordre de 70 millions d’euros ».

Puis nouveau coup de bambou sur les valorisations à fin janvier, en baisse de 109 millions d'euros (voir ci-dessus), avant même que les 70 millions d'euros annoncés aient été remboursés aux porteurs de parts.

Les 20, 21 et 22 mars arrivait le remboursement annoncé : H2O AM avait retenu la leçon de sa désastreuse communication sur le premier remboursement et avait choisi d'annoncer un montant inférieur au montant réel, qui est de 85 millions d'euros, répartis comme suit.

Entre la valorisation initiale d’octobre 2020 et celle de fin mars 2024, compte tenu du remboursement de janvier 2023, la moins-value latente sur les 7 side-pockets est de près de 1 milliard 336 millions d’euros d’après mes calculs.

La valeur résiduelle des side-pockets à fin mars 2024 est estimée à 77,386 millions d'euros.

S'il n'y a d'autre remboursement après celui de mars, la perte totale pour les porteurs de parts de side-pockets pourrait donc dépasser 1,4 milliard d'euros.

C'est le casse du siècle.

Pour les fonds liquides, voilà où on en est au 25 avril 2024 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 28 mars 2024).

J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant des distributions de janvier 2023 et de mars 2024.

En matière de décollecte, voilà où on en était au 21 mars 2024.

En matière de performance, voilà où on en est.

Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 17 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).

Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens disséminés dans ce billet (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).

Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais .

N’hésitez pas à réagir dans la rubrique « Laisser un commentaire » à la fin de chaque article. Votre contribution ne sera publiée qu’après validation par mes soins.

Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.

Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.

Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.

Comment trouver un conseiller en investissements financiers (CIF) indépendant au sens de MIF 2 ? C'est à peu près mission impossible : le site de l'ORIAS, qui est l'organisme auprès duquel s'enregistrent les CIF, ne permet pas de rechercher selon les critères "indépendant" ou "non-indépendant". Pas plus que ne le permettent les sites des 4 associations de CIF agréées par l'AMF.

C'est affligeant et scandaleux.

C’était ma semaine Twitter 17 de 2024. Sayōnara. さようなら.

Image créée par Bing Image Creator, à partir du prompt suivant : "On voit deux gants de boxe se faisant face. L'un est aux couleurs des Etats-Unis d'Amérique, l'autre aux couleurs de la République Populaire de Chine. Entre les deux gants de boxe, des billets de 100 dollars."

  1. Pour la référence — Charles de Gaulle, dont vous noterez qu’il parlait ici de lui-même à la troisième personne —, c’est ici.
  2. PRC : People’s Republic of China.
  3. Red flag list.
  4. Où le Inflation Reduction Act de 2022 a introduit une taxe de 1% sur la valeur des rachats d’actions (nette des émissions).
  5. S’il n’a pas été définitivement immobilisé par le vocable de « start-up nation », Charles de Gaulle doit se retourner dans sa tombe.

2 réponses sur « Ma Semaine Twitter 17 de 2024 »

Votre tweet sur BNP m’a tuer*

Ok acheter des ETFs US ne finance pas l’economie US mais contribue a l’augmentation de valeur de l’ETF donc des actions des entreprises (dans l’ETF) donc davantage d’argent dirigé vers le pays hebergeant ces entreprises ? Indirectement. Me trompe je ?

Ca contribue surtout à améliorer la balance des USA en achetant des $.

S’il y a une augmentation de capi à cours élevé pour une entreprise, ça apporte plus de cash.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.